Introduction
Depuis quelques années, un phénomène s'installe dans les colonnes de la presse et sur les plateaux télé : la misandrie n'est plus présentée comme une dérive sectaire ou une haine problématique, mais comme une posture légitime, presque courageuse. Les médias ne se contentent plus de la tolérer, ils la promeuvent.
De la haine à la « conscience politique »
Les titres sont révélateurs : « On peut être misandre et vouloir impliquer les hommes » (Le Monde), « La misandrie, arme de légitime défiance » (WeDemain), « Pourquoi la misandrie n'est pas l'inverse de la misogynie » (Elle). Ces formulations n'ont rien de neutre. Elles font passer un rejet des hommes pour une forme de lucidité, une étape de réflexion, une pédagogie politique.
La haine des hommes est ainsi requalifiée en « réponse au patriarcat ». Elle n'est plus envisagée comme un problème moral ou social, mais comme un outil thérapeutique, un passage obligé vers l'émancipation féminine.
Le roman médiatique de la misandrie
Les articles insistent toujours sur la même idée : la misandrie n'est pas comparable à la misogynie. Elle serait « symbolique », « verbale », donc inoffensive. La misogynie, elle, est présentée comme structurelle, violente, institutionnalisée. Cette dissymétrie sert à déculpabiliser la haine des hommes : la détester serait normal, mais détester les femmes serait criminel.
En valorisant cette distinction, les médias donnent une caution morale à des discours explicitement misandres, comme l'essai de Pauline Harmange Moi les hommes, je les déteste, largement relayé et même défendu lorsqu'il a suscité la polémique.
Une rhétorique de légitimation
Trois procédés dominent :
- L'inversion : ce n'est pas de la haine, c'est une réaction.
- La banalisation : détester les hommes n'est pas grave, car cela ne produit pas de violence « réelle ».
- La glorification : la misandrie devient un signe de lucidité, une preuve de résistance, presque une vertu.
Ces procédés transforment ce qui devrait être reconnu comme un discours discriminatoire en une posture sociale respectable.
Conclusion
Les médias ne se contentent pas de relayer la misandrie, ils en assurent la promotion en lui donnant un vernis intellectuel et militant. Détester les hommes n'est plus un excès, mais un argument de tribune. La presse a contribué à installer dans l'opinion l'idée que la misandrie pouvait être une arme de libération.
Références médiatiques
- Le Monde - « On peut être misandre et vouloir impliquer les hommes », 2023
- WeDemain - « La misandrie, arme de légitime défiance », 2024
- Elle - « Pourquoi la misandrie n'est pas l'inverse de la misogynie », 2023
- Pauline Harmange - Moi les hommes, je les déteste, Éditions du Seuil, 2020
Limites de cette analyse
- Cette analyse se concentre sur les aspects rhétoriques et médiatiques
- Elle ne prétend pas couvrir l'ensemble du débat sur les relations de genre
- L'objectif est d'éclairer les mécanismes de légitimation médiatique
- Cette critique s'applique aux discours de haine en général, quel que soit le groupe ciblé