On lit souvent que " 97 % des violences sexuelles sont commises par des hommes ". Ce chiffre existe, mais il est tiré d'un périmètre statistique très restreint et il est largement déformé dans le débat public.
1. La source du " 97 % "
📋 Source officielle
Organisme producteur : Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI)
Champ : faits élucidés de violences sexuelles enregistrés par la police et la gendarmerie
Population étudiée : auteurs majeurs uniquement
Résultat : en 2023, environ 97 % des auteurs majeurs mis en cause pour violences sexuelles sont des hommes (soit 22 660 sur 23 350)
👉 C'est donc une statistique réelle, mais limitée : uniquement les adultes, uniquement les violences sexuelles, et uniquement au stade policier.
2. Et les mineurs ?
Selon le Ministère de la Justice, Chiffres clés 2025, environ 40 % des auteurs de violences sexuelles sont des mineurs.
Parmi eux, environ 90 % sont des garçons.
Si l'on additionne adultes et mineurs, la proportion globale d'auteurs masculins se situe plutôt autour de 92–95 %, et non 97 %.
3. Mis en cause n'est pas coupable
Le chiffre de 97 % concerne des mis en cause (suspects identifiés par la police), pas des personnes condamnées.
En 2023, environ 33 000 mis en cause pour violences sexuelles (adultes + mineurs).
Mais seulement 12 000 condamnations prononcées la même année (source : Statistiques annuelles du Ministère de la Justice).
👉 Autrement dit, tous les suspects ne deviennent pas coupables : certains dossiers sont classés sans suite, d'autres relaxés faute de preuves.
4. Les limites du chiffre
- Sous-déclaration massive : les enquêtes de victimation comme CVS (Insee-ONDRP) estiment qu'une grande partie des victimes ne portent pas plainte.
- Champ restreint : ne couvre que les violences sexuelles, pas les autres violences (conjugales, physiques, menaces, etc.).
- Effet d'optique : ramené à la population, cela représente moins de 0,1 % des hommes adultes sur une année donnée.
5. L'usage militant du " 97 % "
Employer ce chiffre comme preuve que " tous les hommes sont coupables " ou que " la rééducation forcée des hommes est légitime " est une dérive idéologique.
Oui, la majorité des violences sexuelles sont commises par des hommes.
Non, cela ne signifie pas que tous les hommes doivent porter une culpabilité collective.
La justice doit cibler les individus responsables, pas transformer un sexe entier en catégorie suspecte.
6. Visualisation des données
Périmètre d'analyse | Proportion d'hommes | Limites |
---|---|---|
Auteurs majeurs uniquement | 97 % | Exclut les mineurs, stade policier uniquement |
Adultes + mineurs | 92-95 % | Plus complet, mais toujours limité aux violences sexuelles |
Toutes violences confondues | 80-85 % | Champ élargi, proportion plus réaliste |
7. Conclusion
🎯 Points clés
Le " 97 % " est un chiffre réel mais étroitement défini : il concerne les auteurs majeurs mis en cause pour violences sexuelles élucidées.
En incluant les mineurs, la proportion tombe plutôt à 92–95 %.
En considérant uniquement les condamnations, le volume diminue encore.
Rapporté à la population française, cela reste marginal (moins d'un homme sur mille par an).
En somme : un slogan politique ne doit pas être confondu avec une analyse criminologique rigoureuse.
Sources et références
- Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) - Interstats Analyse n°42 (2023)
- Ministère de la Justice - Chiffres clés 2025
- Statistiques annuelles du Ministère de la Justice
- Enquêtes de victimation CVS (Insee-ONDRP)